Vieillir, ce n’est pas renoncer
Il est difficile de réveiller des consciences lorsque les gens ont peur de ne pas pouvoir payer leurs factures à venir.
Sur l’échelle des états d’esprit, on ne peut pas transformer un état d’esprit négatif en état d’esprit positif sans lui laisser le temps de passer par l’étape intermédiaire que j’appelle l’état d’esprit de lutte.
Or, c’est celui-là, notre prison la pire.
C’est celui que l’on appelle notre zone de confort.
Avant toute décision importante, tout lancement d’activité ou (pour moi) tout nouveau projet d’écriture, je prends le temps de déterminer avec objectivité dans quel état d’esprit je me situe globalement.
Je me sens impuissant, résigné, triste ou j’ai tendance à me plaindre ?
C’est O.K. J’accueille l’information : une émotion me traverse et si elle est là, c’est qu’elle a toute sa légitimité.
Nous vivons dans un monde (et c’est encore plus difficile en tant qu’homme car la société nous encourage globalement à être dans l’action et la réussite sociale plutôt que dans l’écoute de nos aspirations profondes et le respect de nos valeurs personnelles… que l’on ne peut pas prendre le temps d’identifier véritablement sans se couper de l’action, justement) où l’on nous a appris à juger nos émotions. Comme si certaines étaient valides, et d’autres pas.
Comme s’il en existait des positives, et des négatives, alors qu’elles sont simplement des boussoles pour nous aider à retrouver l’horizon de ce à quoi nous aspirons.
Mais il faut rester conscient qu’à chaque état d’esprit, identifiable à travers différents états émotionnels, correspond une seule et même réalité expérimentable.
Car la réalité n’a pas plus d’influence sur nos émotions que nos émotions en ont sur la réalité. Les deux sont intrinsèquement liées.
La réalité est une matrice. Un monde accessible en plusieurs niveaux.
Cause et conséquence sont deux concepts purement associés au corps mental, pour lequel le temps est au-dessus de tout.
L’émotion, elle, n’existe que dans le présent.
Nous pouvons souffrir du passé parce que nous y demeurons comme un fantôme errant, et nous pouvons souffrir du futur parce que nous en avons peur, mais toutes ces souffrances se passent ici et maintenant. Dans le seul espace dans lequel nous sommes en réalité vivants.
Lorsque j’ai écrit mon livre L’envers de nos vies, j’ai voulu partager ma vision d’une échelle des émotions en racontant des histoires dans lesquelles mes personnages se retrouvaient à chaque fois devant une opportunité de changer ou pas, mais que cela ne dépendait au final que de l’état émotionnel dans lequel ils se trouvaient.
J’ai voulu inviter les lecteurs à accorder plus d’attention à leurs propres émotions, en m’attachant à les faire ressurgir à travers la lecture. Et puis j’ai voulu prolonger ces espaces de méditation personnelle à travers des transitions musicales accessibles depuis des QR codes entre chaque nouvelle.
Ce livre, de mon point de vue, est une invitation à explorer le corps émotionnel.
Quand j’ai écrit mon roman Seul le résultat compte, j’ai voulu prolonger la réflexion et immerger les lecteurs dans une sorte de monde parallèle, reflet d’un monde réel dans lequel nous vivons globalement nos existences dans un état d’impuissance, un peu comme les esclaves modernes d’un grand Monopoly collectif qui nous maintient en dehors de toute exploration de notre nature véritable, profondément puissante et créatrice.
J’ai expliqué pourquoi les émotions que nous qualifions de négatives ne sont pas des bourrasques dans nos vies ou des cailloux dans nos chaussures, mais plutôt des boutons dans un ascenseur qui nous permet d’accéder à différentes réalités possibles : des réalités dans lesquelles nous pouvons faire l’expérience de l’impuissance, du doute, et du pouvoir créateur.
Quand j’ai publié Sourire aux coqs, pardonner aux ânes, et rester zèbre, j’ai voulu nous offrir un miroir à toutes ces formes de malveillance auxquelles nous participons tous plus ou moins, le plus souvent sans même nous en rendre compte. C’est à mes yeux un livre qui invite à l’exploration du corps mental, qui interroge sur la notion d’ego non pas comme constituant honteux de notre identité mais comme allié à équilibrer sans cesse au regard de la paix que l’on souhaite instaurer en soi et autour de soi.
Un sens à tout ça est mon livre le plus engagé. J’y prends de la hauteur pour relativiser pas mal de soucis que l’on se crée dans nos vies, simplement parce que nous y entretenons l’expérience de se sentir coupés et différents des autres.
Selon le niveau de conscience auquel on se situe, certaines choses essentielles deviennent futiles, et d’autres, particulièrement futiles voire même « naïves » d’un certain point de vue de l’ego, s’imposent alors comme une évidence.
C’est en explorant le corps spirituel que l’on transforme les épreuves et la lourdeur de nos vies en résilience et véritable trésor à partager avec les autres.
Pour avoir mis mon écriture en sourdine depuis plus de 2 ans, pour rééquilibrer d’autres domaines de ma vie que j’avais accepté de sacrifier totalement en respect d’une de mes valeurs personnelles les plus importantes (la paix), je sais maintenant pourquoi écrire et publier des livres demeure pour moi toujours aussi essentiel :
Vieillir, ce n’est pas renoncer.
Vieillir, c’est accéder au privilège d’être devenu riche de toutes nos expériences traversées, comprises et intégrées.
Et c’est ça, le plus grand trésor que l’on a à offrir aux autres.
Rien ne constitue de valeur plus commercialisable que la résilience.
Pas parce que c’est elle qui fait notre valeur : parce que c’est elle dont tout le monde a besoin pour passer d’un état d’esprit négatif vers un état d’esprit positif.
Là où tout lui devient finalement possible.
Bonne année 2024 à tous !