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24 Apr 2019

Tout homme a un secret dissimulé tout au fond de lui.

L’artiste possède ainsi des qualités particulières que l’on trouve rarement chez les autres : l’inspiration, le génie, le talent, le don, la prédisposition, la vocation…

L’artiste possède en lui un chemin secret qui le relie tout droit au beau milieu des étoiles.

En ce qui me concerne, je ressens le besoin de révéler une autre manière de contempler le monde, au-delà des conventions habituelles et des jeux de rôles imposés par la société.

Nos personnalités sont tronquées. Là où nous prétendons être devenus des grandes personnes, dignes et matures, capables d’inventivité et de discernement, nous ne sommes pourtant que les petits soldats d’une pensée collective à laquelle nous nous raccrochons tous comme des naufragés à leur dernière bouée.

Ce besoin de créer m’apparait intuitivement comme le grand portail de ma destinée, qu’il n’appartient qu’à moi de réussir à franchir. Ce que je ressens, au plus profond de moi, c’est une nécessité de donner vie à l’ineffable, un besoin d’exprimer les sensations, les intuitions, les non-dits et les faux-semblants. Rendre l’évidence des choses, que ces dernières soient d’un premier abord séduisantes ou bien détestables, et le faire au-delà de la nécessité de les esthétiser, car esthétiser reviendrait à privilégier le beau sans en respecter le fond. Pour moi, ce qui importe, c’est avant tout l’authenticité des choses, avec leur part d’ombre tout comme leur part de lumière.

La quête de vérité devant le culte des illusions.

Tout homme a un secret dissimulé tout au fond de lui.
C’est ce trésor, qui me fascine. Non pas parce qu’il est beau, mais parce qu’il est caché. C’est ce que j’entends par « révéler ». Révéler ce qui existe en moi, mais surtout révéler ce qui coexiste en chacun de nous sur cette planète, au-delà de nos différences, de nos couleurs de peau, de nos modes de vie et des principes mêmes de nos civilisations. Car ce qui existe en moi n’est sans doute pas si différent de ce qui existe en chacun d’entre nous. Je suis intimement convaincu que nos singularités ne sont que d’effroyables méprises entretenues par de sordides apparences.

L’artiste dit se battre pour son individualité. Moi, je crois au contraire qu’il ne se bat que pour son universalité : une universalité qui se perd et qui s’oublie ; une universalité à mettre en lumière, à révéler et à préserver. Une universalité que seul l’artiste, justement, sait combien elle est précieuse et en péril.

Créer, c’est matérialiser l’invisible qui nous unit. Révéler la réalité universelle qui se cache au-delà de nos propres illusions.

[Extrait de Un sens à tout ça]