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17 Feb 2019

Pourquoi vos livres ne sont disponibles que sur Amazon ?

On me pose souvent cette question :

Pourquoi vos livres ne sont disponibles que sur Amazon ?

 

1. Visibilité

2. Choix financier

3. Parce que les éditeurs sont à l'affût des livres qui émergent grâce à cette plateforme (numérique principalement) pour prendre la relève concernant le format papier… et collaborer ensuite de manière plus confiante avec des auteurs qui ont déjà réussi à conquérir un certain lectorat

 

J'explique le pourquoi de cette démarche dans mon livre enquête "L'autoédition pourquoi comment pour qui", qui est aussi un état des lieux de l'industrie du livre aujourd'hui.

 

Vous êtes CONTRE Amazon ?

Vous avez raison.

Moi, je suis POUR.

Et je vais vous expliquer pourquoi j'ai raison également.
 

Pour commencer, il faut savoir que tout le monde se soucie du sort des petits libraires qui souffrent de la concurrence "déloyale" du grand méchant Amazon.

Ces libraires touchent entre 35% et 40% du prix HT du livre, et tout le monde trouve cela normal car ils ont une structure à faire fonctionner et des salaires à faire rentrer.

Pas de souci. Je suis d'accord.

Là où je m'interroge sur les chiffres, c'est quand j'apprends que les auteurs ne touchent que 8% du prix HT du livre qu'ils ont écrit. (Et quand ils sont vraiment payés, une fois par an, sur la base de chiffres auxquels ils n'ont absolument aucun accès. Mais cela est un autre débat, on peut trouver des malhonnêtes dans tous les milieux.)
 

C'est un vrai tabou, ce partage des parts concernant le prix d'un livre…


On peut reprocher beaucoup de choses à Amazon.

On peut décider de les tenir responsables de tous les maux de la Terre.
Après tout, se positionner en victime, c'est vrai que ça a toujours contribué à résoudre les problèmes… (!!)


Mais on peut aussi leur reconnaître qu'ils nous changent vraiment la vie, et qu'ils sont très performants dans leur innovation sans limite.

"Oui mais, vous avez vu comme ils traitent leurs employés ?"

Moi non. Juste une question : on parle bien d'employés ? Pas de prisonniers ?

J'ai travaillé dans de petites entreprises jusqu'à une vingtaine de personnes. Croyez-moi, aucun journaliste ne parlait de nos conditions de travail. Et pourtant, le harcèlement, la pression, le non-respect des droits du travail, tout ça, c'était monnaie courante.

Entre le droit de recourir aux Prudhommes et la pratique, il y a toujours un grand écart.

J'ai accepté ce que je voulais bien accepter, et puis quand j'en ai eu "marre d'en avoir marre", je suis parti.

Beaucoup d'autres collègues ont fait pareil dans les quelques mois qui ont suivi, d'ailleurs.

Même si leur choix a été probablement TRÈS difficile parce que, vous savez quoi, malgré tous les problèmes rencontrés, tout n'était pas noir : nous avions aussi des tas d'avantages et de moments formidables que nous ne pouvions pas ignorer !!


Pour revenir à Amazon, donc :

Aujourd'hui, ce sont les seuls à donner une vraie opportunité viable aux "jeunes" (comprenez "nouveaux") auteurs, pour se faire connaître.

On y accède à de la visibilité, des lecteurs, et pour les plus brillants d'entre nous, à des éditeurs.

 

Car oui, vous avez bien lu. Tous les (grands) éditeurs repèrent aujourd'hui une bonne partie de leurs nouveaux auteurs sur Amazon bien plus que par l'intermédiaire des stagiaires chargés de trier les centaines de manuscrits qu'ils reçoivent.


Un chiffre pas anodin du tout : un premier roman se vend en moyenne à 500 exemplaires.

Vous rendez-vous compte du risque à prendre pour un éditeur ?

Vous en connaissez beaucoup, vous, des entreprises capables de miser sur un produit qui va leur coûter plus cher que ce qu'il va leur rapporter ?

Moi non.

Un éditeur, même s'il adooooore les livres, il a un comptable à qui rendre des comptes. Et derrière lui, une pérennité à assurer.

 

Rien que sur Amazon, mon premier roman "Vivement l'amour" s'était écoulé à plus de 1700 exemplaires. Dont plusieurs centaines en gratuit, parce que j'avais besoin de me faire connaître (ce qui est une connerie sur le long terme, entre nous soit dit, car lorsque quelque chose est gratuit, tout le monde veut bien le prendre, mais pas forcément avec le temps ou le besoin derrière pour le consommer !)

 

Voilà.

Chacun a le choix.

Aider les petits libraires, ou aider les petits auteurs, telle est la question...

Humainement, combien vaut un libraire par rapport à un auteur ?