Blog

11 Sep 2018

Ma préface pour le livre de Florence Samson

La vie, vous la désirez avec, ou sans violence ?

La violence est partout. On nous la bombarde du matin au soir, et même pendant la nuit, pour peu que nous ayons l’idée saugrenue de vouloir lui échapper dans des rêves dans lesquels elle ne serait pas conviée.

On nous la raconte, on nous l’explique, on nous la communique : j’entends par ce terme le fait qu’on nous la transmette. Comme une dose létale. Comme un venin, un poison, un de ces ingrédients dont on sait à quel point il est malsain, mais auquel on ne pourra pas échapper.

Au cours du XXème siècle, le monde n’a cessé de nous montrer à quel point l’Humanité avait franchi des points de non retour dans la violence. Les armes de destruction ont désormais atteint des niveaux d’inconscience qui suffiraient à rayer de la carte un pays comme la France, d’une seule et même bombe.

 

L’être humain est-il définitivement mauvais, destructeur, inconscient ?

Irresponsable ?

Indigne de cette si belle planète qui est pourtant la sienne ?

 

Ce livre de Florence Samson explore la réalité de la violence sous toutes ses formes, à l’échelle collective, mais aussi à l’échelle individuelle. Car c’est bel et bien là que le bât blesse : la violence apparaît dès que l’être humain estime devoir défendre sa manière de percevoir les choses contre celle d’un autre.

La violence n’est donc qu’une confrontation de deux points de vue qui ne s’écouteront pas, qui ont fait le choix de détenir une légitimité qui serait supérieure à celle de l’autre ; ou, plus rarement, d’une volonté très déterminée de l’un de prendre le pouvoir, imposer ses croyances, ses convictions, ses aveuglements et ses manières de vivre et de penser, sur l’autre.

La violence n’a donc pas besoin de deux adversaires qui l’alimenteraient tour à tour pour exister. Elle peut être à sens unique. Comme c’est le cas par exemple pour le terrorisme. Elle n’existe que là où peut exister un rapport énergétique dans lequel l’un jouera son rôle de bourreau, et l’autre, son rôle de victime.

La violence naît du refus de dialoguer, et donc du refus de considérer l’autre comme ayant des besoins fondamentaux et UNIVERSELS qui peuvent pourtant se compter sur les doigts d’une seule et même main :

un besoin de survie

un besoin de sécurité

un besoin d’aimer et d’être aimé

un besoin d’estime et de se sentir utile aux autres

et un besoin d’épanouissement, qui implique la soif d’apprendre et de comprendre, et donc de développer des aptitudes qui partiraient parfois d’un niveau d’ « incompétence inconsciente » pour atteindre celui de « compétence inconsciente » (automatique).

 

La violence est la représentation de la supériorité du renoncement sur l’optimisme.

De la peur sur l’ouverture.

D’une perception de « l’autre » comme étant une partie détachée et hostile à soi… contre une autre perception des choses qui nous permettrait de considérer justement ces « autres » comme étant des semblables, ou tout simplement comme d’autres versions de l’humanité que nous sommes au plus profond de nous.

 

La violence est donc la victoire de la notion de « différence » sur  celle d’ « universalité ».

 

Mais cette violence est-elle pour autant une fatalité ?

N’est-elle pas le choix, conscient ou inconscient, convaincu ou involontaire, que cette valeur abstraite qui est la notion de « différence », devrait rester supérieure à celle du sentiment d’appartenance à une seule et même espèce humaine et planétaire ?

Cette violence peut-elle disparaître dans une société dans laquelle le culte de l’image et la mise en avant des égos passera toujours devant l’exploration de ce qui nous rassemble ?

 

L’être humain disposera toujours de son libre-arbitre devant la possibilité d’un avenir avec, ou d’un avenir SANS violence. Mais comme l’explore Florence Samson dans ce livre, la paix ne peut naître que là où l’être humain aura été capable de l’instaurer d’abord à l’intérieur de lui-même.

Nous sommes comme les cellules vivantes d’un seul et même organisme collectif.

L’humanisme est notre seule chance de salut, notre seule manière de comprendre ce en quoi nous sommes des êtres complémentaires, et non des êtres destinés à perpétuellement lutter dans l’adversité.

Cet humanisme ne peut naître que de ce qui nous rassemble, et non de ce qui nous divise.

Cela signifie encourager les langages universels contre ceux qui entretiennent toute idée de communauté. Le poids des mots que nous choisissons restera toujours inférieur aux émotions et aux rêves que nous serons capables de réveiller et partager avec les autres.

La musique, les arts, le dessin, l’architecture, la littérature, le cinéma, la nature, la danse, la cuisine… tout ce qui ressuscite l’émerveillement et la joie de se sentir vivant, dans ce monde qui ne cesse de perdre de son humanité, à force de focaliser sur des objectifs d’efficacité et de croissance, est à mettre en avant.

La culture n’est pas la cinquième roue du carrosse de notre humanité. Elle en est au contraire l’essence même.

L’être humain ne cultive pas du vent, lorsqu’il dresse des ponts entre différentes manières de percevoir le monde ! Il cultive ce qu’il y a de plus précieux chez lui : son humanité.

Et donc, son besoin universel… de PAIX.

Vivre avec ou sans violence, cela restera toujours un choix.

Un choix planétaire, un choix politique, un choix économique, un choix humain… mais qui ne pourra jamais aller bien loin tant qu’il ne développera pas ses racines tout en bas de l’échelle individuelle.

Encourageons tout ce qui rassemble plutôt que ce qui divise. Encourageons le bonheur de vivre les mêmes heures, la richesse d’avoir des sentiments, les plaisirs indicibles de nos plus beaux émerveillements ! Et commençons aussi par encourager l’autodérision contre l’humour qui se moque : car là où un être humain est capable de rire de ses propres défauts, il ouvre une porte sur une des meilleures armes de la paix : l’empathie.

 

Je formule le souhait que ce livre réveille des questionnements, et permette de tirer les dés d’une Humanité plus consciente, plus optimiste, plus créatrice, et plus spirituelle.

L’auteure a cette humilité rare de reconnaître qu’elle ne détient pas la vérité. Mais elle explore. Elle montre et suggère, avec ses points de vue à elle qui ne seront pas forcément toujours les vôtres.

Avec ou sans violence, ça commence déjà par là, là où les livres resteront toujours parmi les plus grands trésors de l’être humain : une autre manière de percevoir, d’explorer, de comprendre, et donc de contribuer au souffle du monde.

 

Florence Samson a fait le choix de la paix.

C’est le choix que je fais également.

Plus qu’un rêve, plus qu’une utopie, la paix constitue l’un de nos plus beaux avenirs possibles.

Libre à chacun de se positionner, en pleine conscience, de quel côté il souhaite œuvrer pour le monde d’aujourd’hui, le monde de demain, et le futur d’une humanité devant son impératif et imminent besoin… de se réveiller.

 

------------------------------
Avec ou sans violence, Florence Samson
Livre à découvrir aux éditions L'Harmattan :
https://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=60552