Charlie Bregman

France

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  Questionnaire

#1

Depuis quand aimez-vous écrire ?

J’écris depuis l’âge de 13 ans. En fin d’année scolaire, après la distribution des derniers bulletins, notre professeur de français nous avait proposé de rédiger un texte sur le thème des voyages dans le temps. Le fait que ce devoir ne comportait aucun enjeu, qu’il n’était soumis à aucun système de notation, m’a permis d'aborder l'écriture en me connectant davantage à ce que j'avais au fond de moi plutôt qu'à ce que je devais démontrer de ma capacité à respecter des normes, et j'ai alors rendu une nouvelle de 16 pages. C’est à ce moment précis que j’ai compris que j’aimais écrire. Ensuite, je crois que l'écriture a toujours plus ou moins fait partie de ma vie.

#2

Comment vous est venue l’idée d’écrire votre premier roman VIVEMENT L’AMOUR ?

D'abord, pour être honnête, VIVEMENT L'AMOUR n'est pas mon premier roman. Mon tout premier voulait tellement correspondre à une certaine idée que j'avais de la littérature qu'il a fini au fond de la poubelle. Pour celui-ci, j'ai procédé différemment, et surtout en intégrant dès le départ la nécessité de lâcher prise vis-à-vis du regard critique que je pouvais avoir sur ma façon d'écrire. Je suis parti simplement du concept de "premier roman" pour en faire une histoire en cohérence avec tout ce que peut évoquer l'idée de "première fois". Immédiatement, la référence aux premières amours s'est imposée, avec tout son cortège de fléaux liés à l'adolescence : les premiers complexes, les premiers conflits familiaux, les premiers doutes, les premières questions existentielles… Bref, toute une ambiance, et surtout toute une référence à une époque riche de souvenirs pour moi (les années 80) !

Quand j'avais 15 ans, j'étais quelqu'un d'assez torturé de l'intérieur. Je me posais beaucoup de questions qui restaient sans réponses. Je ne savais pas qui j'étais, ce que je ferais de ma vie, ce que je pouvais en attendre… J'avais la chance d'être un bon élève à l'école, mais plus j'avançais dans le cursus scolaire, plus cela m'angoissait. Comme une bouée à laquelle je pouvais me raccrocher, j'ai commencé à ce moment-là à tenir un journal de ma vie, que j'ai fini par ressortir d'un vieux carton. C'est en y retrouvant une bonne partie de ma naïveté originelle que j'ai eu l'idée du personnage de Charlie, une espèce de version plus audacieuse et décomplexée de l'ado que j'ai vraiment été, et qu'il était facile, avec mes 20 ans de maturité supplémentaire, d'enrichir de ma façon actuelle de comprendre ce parcours que j'ai eu.

L’autodérision était une évidence, et aussi une vraie nécessité à un moment où ma vie commençait à piétiner dans un rythme « métro boulot dodo » qui commençait vraiment à manquer de fantaisie.

#3

VIVEMENT L’AMOUR, roman ou autobiographie ?

Le côté autobiographique était au départ une vraie facilité pour commencer l’écriture. Mais rapidement, il me fallait rompre avec la « vérité » pour ne pas sombrer dans un pathos qui n’aurait rien apporté aux lecteurs, car mon niveau de joie de vivre à l’époque n’avait rien de bien glorieux. J’étais timide, ça oui, mais par contre absolument pas audacieux, et encore moins capable de rébellion contre l’autorité familiale.

Par contre, je tenais à écrire ce roman tout en respectant les codes de l’autobiographie, afin de coller davantage à la nécessité d'introspection du personnage, et pour permettre aussi aux lecteurs de retrouver le sourire tout en replongeant directement dans leur propre vécu.

#4

Combien de temps avez-vous mis pour écrire VIVEMENT L’AMOUR ?

Très longtemps. D'abord parce que je ne savais pas comment m’y prendre, mais surtout parce qu'il ne me restait pas beaucoup de temps disponible en dehors de ma vie professionnelle et familiale.

Dans un premier temps, j'ai passé six mois à écrire une première version de 180 pages, mais sans parvenir à prendre le recul suffisant par rapport à ma propre adolescence. Les personnages manquaient de profondeur ; la narration, de rythme ; la fin, d’énergie… Bref, je n’en ai gardé au final qu’une cinquantaine de pages à partir desquelles le projet a refait surface lorsque j'ai découvert Jepeh, un illustrateur dont l’humour me rappelait Hergé. Comme je suis un grand fan de Tintin, je l’ai rapidement contacté pour lui proposer un deal original : tenir ensemble un blog sur lequel je publierais l’intégralité du premier jet de mon roman, sous forme d’épisodes réguliers dont il aurait la mission d’illustrer. Il a dit banco, et ça a été le départ d’une formidable aventure d’un an et demi, où nos 5 ou 6 visiteurs quotidiens au départ devinrent petit à petit plusieurs dizaines, puis plusieurs centaines. C’était fantastique. Ils venaient, ils lisaient, ils commentaient, et la suite de l’histoire prenait parfois des directions complètement inconnues, rien que pour jouer avec leurs réactions. J'écrivais sur le fil en permanence, et j'ai adoré le vertige que cela procurait !

En 2007, nous avons atteint un record de 2997 pages vues en une seule journée. Ce sont les plus fidèles de ces lecteurs, qui m’ont poussé à poursuivre l’aventure jusqu’à la publication. Mais la phase de corrections a été très longue, et entre le moment où j'ai publié mon premier épisode sur le blog et celui où j’ai pu tenir mon livre entre les mains, il s’est écoulé 5 ans.

#5

J’ai trouvé que le personnage de français de votre roman illustrait parfaitement votre façon d’écrire, pleine de sincérité. Qui est-il ou qui a-t-il été pour vous ? (question de Mina)

Alors, le professeur de français est un des rares personnages 100% fictifs du roman (la plupart étant plutôt des références plus ou moins mélangées de personnes qui ont toutes joué un rôle important dans ma vie à un moment donné).

Mr Antoine est pour moi un personnage clé, car lui seul permet à Charlie de prendre un peu d’avance sur son évolution en se posant les bonnes questions au sujet de l’existence et de l’importance de vivre en apprenant à écouter ses émotions.

Il est aussi plusieurs personnages en un : il est l’idéal de prof que j’aurais aimé avoir, le quinquagénaire en pleine crise que je ne voudrais surtout pas devenir, et l’auteur que je suis qui en profite pour glisser à son lecteur combien l’écriture peut être essentielle dans la vie. Très paternaliste avec ses élèves, il est aussi un clin d’œil personnel à un vieux pote de lycée, qui est devenu aujourd’hui professeur de français, et avec qui j’ai connu l'intraduisible plaisir des vrais coups de bluff du poker.

#6

Quelles sont vos inspirations en règle générale ?

Beaucoup de choses m’inspirent. J’ai l’imagination qui est un vrai cheval sauvage, que je veux à la fois dompter… et laisser libre. Mais je m’intéresse principalement aux comportements humains, et principalement à la partie inconsciente et émotionnelle des individus. Durant mes études secondaires à l’école d’archi, je piquais les cours de psycho d’une amie pour les potasser pendant des nuits entières. C’est une discipline qui m’a toujours fasciné. Je crois que nous avons tous un trésor à l'intérieur de soi, et notre seule vraie responsabilité est de décider entre le renier… ou bien le partager avec les autres.

Donner de la profondeur à un personnage, c’est être capable de restituer au lecteur la meilleure part de ce combat qui se joue.

#7

Pourquoi l'auto-édition ?

Un premier roman se vend aujourd’hui, en France (et pourtant grâce au réseau d’un éditeur),  entre 700 et 800 exemplaires en moyenne. Quand on habite en province, qu’on est l’auteur d’un premier manuscrit (auquel on est d’ailleurs incapable d'attribuer une valeur), que l’on ne connaît personne dans le milieu éditorial parisien, même si ça fait « cliché » de le dire, je crois que les chances d’être publié et de rencontrer un vrai lectorat sont particulièrement faibles. Si en plus l’on tient compte du fait que les livres restent de moins en moins de temps sur les rayonnages des libraires afin de laisser la place aux suivants, je trouve que ça fait beaucoup de points négatifs pour céder l’intégralité de ses droits contre le seul « prestige » d’être publié par une maison d’édition.

Bien sûr, on n’est pas plus à l’abri d’un fiasco que d’un succès. Pourquoi pas. Mais à condition déjà d’y croire. Ce qui n’était pas mon cas.

Par acquis de conscience, j’ai quand même envoyé mon manuscrit à une maison d’édition, mais une seule… et pas la moins réputée (ce qui constitue probablement une vraie erreur de débutant, étant donné que les grandes maisons ne publient que de 1 à 3 premiers romans à chaque rentrée littéraire).

J’ai fini par recevoir une lettre de refus type trois mois plus tard, ce à quoi je m’attendais, et ce qui fut également un soulagement pour moi car je crois que je n’étais pas du tout encore prêt à m’assumer en tant qu’auteur.

J’ai vu dans l’autoédition une opportunité de continuer l’aventure en toute liberté et en prenant le temps nécessaire, sans avoir à justifier quoi que ce soit dans le livre, en travaillant moi-même ma mise en page, en me faisant plaisir à concevoir ma couverture, et tout en ayant la possibilité de construire une relation très intime avec mes premiers lecteurs, notamment grâce aux réseaux sociaux. L’inconvénient est que tout cela prend énormément de temps, mais par contre, c’est une expérience incroyable de laquelle on ne peut que sortir grandi.

Je crois que l’autoédition m’a davantage permis de me construire en tant qu’auteur, que le fait d’avoir au départ simplement écrit un premier roman.

#8

Ce n'était pas un peu prétentieux, de publier un ouvrage intitulé ÉCRIS TON LIVRE après n’avoir publié qu’un seul premier roman ?

C’est une question que je me pose souvent car je sais que je fais souvent les choses à l’envers, en fonctionnant davantage à l’affect qu’en me fiant à la raison. Mais j’étais impatient de transmettre un enthousiasme et un retour positif de mon expérience, à des gens qui rêvent d’écrire, et qui ne se donnent pas forcément les moyens et le temps de le faire.

Cet ouvrage n'avait pas pour vocation d'être un cours d’écriture, et encore moins un essai sur ce qu’est l’écriture. Ce n’est pas un livre qui vous apprendra à comment donner du relief à vos personnages, écrire de bons dialogues, faire le choix des bons mots, tenir en haleine vos lecteurs ou je ne sais encore quelle autre technique qui pourrait vous laisser penser que cela vous suffira pour écrire votre livre jusqu’au bout.

Le titre complet du livre est « Écris ton livre grâce à la motivation et au lâcher-prise ».

Ce que je voulais, c’était transmettre une énergie, une vraie motivation à vouloir écrire ce livre que vous portez certainement déjà en vous, au moins sous forme de simple germe. Encourager à l’action, sur le ton d'un vrai coach. Et puis aussi faire un état des lieux sur tout ce qui a fait qu’il m’a fallu plus de vingt ans avant de franchir certains blocages à l’écriture. On ne parle pas assez du lâcher prise, dans les secteurs créatifs. C’est bien, d’avoir des théories et des grandes idées sur tout, mais il arrive un moment où elles deviennent de vraies barrières, et on ne sait plus comment les dépasser.

Analyser, c’est le contraire de créer.

Réfléchir, c'est fléchir devant l'action.

Cessons de tout vouloir maîtriser, et lâchons-nous un peu. Il n’y a que de cette manière qu’on avance vraiment, dans la vie.

Avant de vouloir écrire des phrases parfaites, et particulièrement si vous manquez d’expérience, commencez d’abord par écrire votre premier jet. Les corrections concernent une autre étape. Une étape (qui nécessite d’ailleurs le recours obligatoire à un regard extérieur).

#9

Pouvez-vous nous parler de votre collection numérique NOUVELLES ÉVASIONS ?

J'ai récemment fait la connaissance de Bénédicte Rouvreau, l'auteure d'un recueil de nouvelles que j'ai trouvé particulièrement bon à la fois au niveau du style et de la maîtrise de l'art de la chute ("De folles nouvelles"). C’est elle qui m'a réveillé (ce sont des nouvelles de science fiction, qui m’ont donné le goût de l’écriture, au départ, quand j’avais 13 ans) une certaine passion pour ce genre très particulier, longtemps dénigré en littérature mais qui marque actuellement son grand retour grâce au format numérique.

Quelques mois plus tard, j'ai été contacté par monBestSeller.com pour faire partie du jury d'un concours de nouvelles sur le thème du père Noël, et là aussi, des dizaines de textes, bourrés de talent, m’ont confirmé que la nouvelle est peut-être le genre le plus formateur, pour un auteur, car dès le début, elle oblige à ne se soucier que des réactions que l’on va pouvoir susciter chez le lecteur. Impossible de n'écrire que pour soi, et aucune dispersion possible. Ce genre lui-même est une promesse : celle d'une chute qui fait que ça valait vraiment le coup de lire le texte !

Nouvelles évasions est donc ma collection de nouvelles à moi, au travers desquelles je me confronte à d’autres défis et aussi d’autres pans de ma personnalité.

C’est pour le moment un ensemble de publications exclusivement numériques. J’en ferai peut-être un recueil papier s’il répond à une attente des lecteurs, et surtout quand j’aurai atteint un nombre de textes suffisants et cohérents à rassembler.

#10

LA REViE JOYEUSE, c'est quoi ?

Pendant longtemps j'ai fait mes choix de vie conformément à ceux des autres, tout simplement parce que je manquais de confiance en moi et que je reniais, par conséquent, des aspirations personnelles qui sont pourtant les seules à pouvoir faire la différence entre une vie frustrée que l’on vit par conformisme, et une vie tout court, qui mérite vraiment d’être vécue.

Ce manque d’authenticité et de respect vis-à-vis de moi-même m’a amené à un point où j'avais l'impression de me trahir moi-même dans tout ce que je faisais pour les autres, et j'ai donc décidé de reprendre ma vie en main avec l'objectif de restructurer tous les différents points qui ne fonctionnaient pas.

La Revie joyeuse, c’est ma manière de partager mon propre développement personnel avec tous ceux qui ne se sentent pas en phase avec leurs propres aspirations.

Mon but est d’encourager tous ceux qui stagnent, qui échouent à répétition, qui se plaignent, qui souffrent, qui dépriment, qui en ont marre de ne pas être eux-mêmes parmi les autres, à accepter le fait qu’ils sont les seuls à pouvoir faire le nécessaire pour changer leur vie, d’abord en acceptant de voir en face leurs propres frustrations, ensuite en prenant conscience de qui ils veulent vraiment devenir, et enfin en passant à l’action pour franchir une à une les différentes étapes qui mènent à la réussite (l’épanouissement de soi).

C'est un projet qui me tient particulièrement à cœur, et que j’essaie de mener en me mettant le plus possible dans la peau de ceux qui le liront.

#11

Que trouve-t-on exactement dans LA REViE JOYEUSE ?

Chaque numéro de La Revie joyeuse comprend un édito, une partie 100% « développement personnel », plusieurs nouvelles (qui sont en réalité des textes écrits en rapport avec la thématique du numéro, mais sans pour autant constituer des nouvelles à chute), un focus sur un ouvrage ou auteur particulier (toujours en rapport avec le numéro), un message très court de type « post-it méthode Coué » à coller à un endroit où l’on pourra le lire plusieurs fois dans la journée, et des fiches récapitulatives des points le plus important du numéro.

#12

À qui s'adresse votre livre L'AUTO-ÉDITION POURQUOI COMMENT POUR QUI ? (question de Chris Simon)

Rien qu’à titre personnel, j’ai beaucoup appris des réponses apportées par les auteurs, principalement en ce qui concerne la promotion des ouvrages. Cette enquête a permis de recueillir une liste extrêmement complète de tous les moyens dont nous disposons pour nous faire connaître. Plus qu’un rapport de statistiques qui valent ce qu’elles valent, c’est surtout un vrai guide de l’autoédition.

Ce livre s’adresse donc à tous les autoédités, actifs ou futurs. Vous connaissez quelqu’un qui écrit, qui veut publier ses livres, qui du mal à trouver un éditeur, qui souhaite se constituer un lectorat avant d’aller voir les éditeurs ? Avec toutes les informations contenues dans cet ouvrage, il gagnera un temps fou.

Et comme le but est de faire évoluer les mentalités, ce rapport d’enquête s’adresse aussi aux libraires, aux journalistes, aux bibliothécaires… Tous ceux qui sont des prescripteurs auprès des lecteurs.

Et enfin, il y a tous ceux qui ont compris que dans tout changement se cachent des opportunités. Alors que vous soyez éditeur, agent littéraire, entrepreneur, start-up du monde numérique, il y a certainement dans cette étude des germes de business à ne pas laisser filer.

#13

Qu'avez-vous appris des autoédités ? (question de Chris Simon)

Je me suis rendu compte à quel point ils investissent, en temps, en énergie, et en argent parfois, sur leur activité. La moitié d’entre eux consacrent plus de 10 jours complets par mois à l’autoédition. 3 autoédités sur 4 ont un réel projet éditorial établi. Un tiers des autoédités interrogés ont pour objectif de vivre de leurs publications à moyen terme.

Et 4 auteurs sur les 107 ayant accepté de répondre à cette question ont déjà réussi à faire de leurs publications une activité professionnelle à part entière. Cela correspond à des revenus supérieurs à 2000 € tous les mois… avec 3 d’entre eux qui gagnent plus de 5000 €.

Pourquoi aucun média n’en parle ? Personne ne le savait ? Alors le moment est vraiment venu pour les journalistes de lire ce livre !

Et puis stop aux amalgames livres autoédités / livres numériques, auteurs autoédités / auteurs refusés par les éditeurs… 85% des autoédités publient également au format papier (le numérique ne se substitue pas au papier, il est un format complémentaire et amène aussi à la lecture des gens qui ne lisaient plus depuis leur sortie du système éducatif), et un quart des auteurs interrogés sont également publiés par des éditeurs.

#14

Quel est le portrait-robot de l'auteur indépendant francophone en 2015 ? (question de Thibault Delavaud)

C’est difficile de tirer un portrait-robot de l’auteur indépendant étant donné la diversité des profils. Mais personnellement, je peux distinguer deux grandes catégories : les indépendants dont l’objectif est de faire simplement de l’auto-publication, c’est-à-dire de rendre public leurs textes (et ce, quel qu’en soit le niveau qualitatif), et ceux qui font vraiment de l’autoédition, et qui se donnent donc les moyens de proposer des ouvrages qui n’ont rien à envier à ceux que l’on trouve en librairie, et aussi de les promouvoir comme un bon éditeur le ferait lui-même.

La première catégorie d’auteurs est constituée de personnes qui vont avoir tendance à travailler en solitaire. Cela ne signifie pas pour autant que leurs ouvrages ne sont pas méritants (même si cela peut effectivement être le cas lorsqu’ils ne maîtrisent pas certains aspects de leur travail, notamment l’orthographe et l’expression écrite tout simplement) mais ils semblent totalement négliger la nécessité promotionnelle de leur décision. Parfois, certains d’entre eux semblent même fonctionner selon une croyance très étrange, qui consiste à penser qu’un écrivain talentueux ne doit surtout pas avoir de succès et vouloir vivre de ses écrits. Ces auteurs, à mes yeux, manquent de confiance en eux. Certains ont un réel talent, mais préfèrent rester inconnus plutôt que de se confronter au regard des autres. Cela a d’ailleurs toujours existé : ce sont les fameux artistes maudits. Même si en réalité, ils sont les seuls responsables de leur malédiction.

La deuxième catégorie d’auteurs, par contre, semble davantage accepter les limites des connaissances acquises. Ce sont des auteurs qui vont faire appel à des relecteurs, parfois à des conseillers littéraires pour lesquels ils vont mettre la main au portefeuille, ils vont soumettre leurs textes à des correcteurs, parfois pratiquer des échanges de services pour la rédaction de leur résumé, le graphisme de leurs couvertures… ils vont prendre en considération leur rapport au lecteur dès le début du travail d’écriture, chercher à créer un lien avec eux notamment grâce aux réseaux sociaux et aux plateformes de publication gratuite, et surtout, ils vont assumer l’indispensable travail de promotion de leurs ouvrages. Ce sont à mes yeux les véritables auteurs autoédités : des auteurs ET des éditeurs. Une personne m’avait fait part de sa réaction au sujet de mon enquête, en me disant qu’un échantillon de 130 auteurs était insuffisant. Il est insuffisant si l’on veut enquêter sur le phénomène d’auto-publication, mais je crois au contraire qu’il est déjà très révélateur de ce qui se passe dès lors que l’on souhaite dépasser ce stade pour faire de l’autoédition.

Les autoédités sont encore peu nombreux sur le marché francophone.

#15

Quel avenir voyez-vous pour l'autoédition ? (question de Thibault Delavaud)

Je vois l’autoédition comme une opportunité de réfléchir à une redistribution plus équitable des cartes dans l’industrie du livre. Il faut savoir (et le marteler jusqu’à ce que tout le monde en prenne conscience) que seulement 30% des auteurs publiés chez un éditeur, aujourd’hui, peuvent s’estimer heureux du fait que leurs publications leur assurent plus de 10% de leurs revenus. 98% des écrivains, malgré le fait que l’écriture d’un roman exige, en moyenne, quasiment une année complète de travail, sont obligés d’avoir un second métier.

Tout le monde semble trouver cela parfaitement normal. À commencer par les auteurs eux-mêmes. Tous les pourcentages tirés de la vente des livres sont faits pour que l’éditeur, l’imprimeur, le distributeur et le détaillant puissent si possible vivre décemment de leurs revenus… mais l’auteur, tout le monde s’en fiche : après tout, s’il veut vivre de ses droits, ce fainéant n’a qu’à se doper de café pour respecter un rythme d’écriture de 18 heures par jour comme le faisait Balzac !

L’autoédition est peut-être, financièrement parlant, une renaissance d’un vrai métier d’auteur (même si la fameuse loi des 80-20 finira sans doute par s’imposer, avec 20% des autoédités qui réaliseront à eux seuls 80% du chiffre d’affaires total de l’autoédition).

Cela ne signifie pas pour autant que l’éditeur et les autres intervenants de la chaîne du livre n’ont plus de raison d’être. Au contraire, on voit déjà à quel point les auteurs indépendants ont besoin de partenaires. Le travail d’édition est un vrai métier. Un libraire est un vrai défenseur de la lecture. Tous font seulement face à une nécessité de s’adapter à un monde qui ne cesse d’évoluer. Alors plutôt que de vouloir préserver un système qui s’effrite, autant devenir les acteurs responsables de quelque chose de meilleur pour demain.

#16

Quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui rêve d’écrire un livre, mais jamais osé se lancer ? (question d'IggyBook, Rentrée des Indés 2015)

Lâcher prise.

Viser l’amnésie par tous les moyens possibles et imaginables. Oublier tout ce qui a été entendu sur les bancs d’école, ne pas chercher à écrire un bon livre, mais uniquement focaliser sur le fait qu’il va d’abord falloir l’écrire une première fois jusqu’à la fin pour ensuite avoir quelque chose à corriger pour en faire un livre !

Ensuite, je crois qu’il faut savoir se poser la question : est-ce que j’écris pour moi, ou est-ce que j’écris pour être lu ? Dès lors qu’on sait répondre à cette question, on se connecte à une intention. C’est toujours l’intention, qui porte le projet. Sans cette petite graine de départ, qu’il va falloir respecter plus que tout au monde, on peut tourner autour d’un désir mal compris pendant toute une vie, et ça ne débouchera sur rien de valorisant, ni pour soi, ni pour les autres.

Enfin, soyez connecté, en phase avec vous-même, inspiré. Ne cherchez pas à analyser, comprendre, ou disséquer : écrivez avec votre cœur, et pas avec votre tête. La tête, gardez-la bien froide : vous en aurez grandement besoin quand viendra le moment de vous corriger.

Et puis dès que vous vous sentez prêt, lancez-vous : ayez la ferme intention d’écrire le premier chapitre, et faites-le jusqu’au bout ! Si vous devez vous arrêter, préférez de le faire en plein suspens. C’est frustrant, mais cela vous évitera de vous heurter à une page blanche au moment de vous y remettre.

Si c’est la motivation, qui vous fait défaut, tâchez de vous entourer des personnes qui sont là pour vous booster, et non de celles qui vous encouragent à procrastiner.

 

#17

"Charlie Bregman" est un pseudonyme. Pourquoi ?

Au tout début, lorsque j'ai commencé à écrire pour être lu, je manquais encore de confiance en moi, et j'avais besoin de le faire en toute discrétion, à l'abri de mon entourage mais aussi de mon environnement professionnel. C'était plus facile pour moi d'être entièrement libre de penser et écrire ce que je voulais.

C'était une protection. Une recherche d'anonymat.

Ensuite, comme le pseudo commençait à être bien référencé, et que de nombreux lecteurs commençaient à me connaître sous ce nom-là, ça m'a paru évident qu'il fallait le garder.

Mais je crois qu'un pseudo, c'est aussi une façon de donner un nom à quelque chose de plus grand que l'égo, qui vibre en soi, et qu'il est difficile de sécuriser dans la vie de tous les jours.

Je trouve que c’est plus facile d’être plus proche de soi, de ce qui vibre au fond des tripes et au delà de tout, avec un pseudo, au final, qu’en signant de son vrai nom. Parce qu'un vrai nom, c'est porteur de toute l'éducation que l'on a reçue, c'est le résultat de toutes les rencontres qui nous ont forgés et, qu'on en soit conscient ou pas, de toutes celles qui nous ont conformés à ces multiples rôles que nous avons acceptés.

Un pseudo permet de conserver une certaine altitude par rapport à ça.

Ma seule crainte est de voir ce pseudo remplacer petit à petit ma première identité… :-)

Mais si c'est le cas, je renouvellerai la schizophrénie : je choisirai un nouveau pseudo… pour tout recommencer !

#18

Comment vous est venue l’idée d’écrire ce recueil de 9 nouvelles L'ENVERS DE NOS VIES ?

Au départ, c’est la redécouverte du plaisir d’écrire des nouvelles, qui m’a motivé. Je n’avais pas encore l’idée de ce recueil. J’écrivais des nouvelles selon mon inspiration du moment, et sans savoir comment j'allais pouvoir ensuite les regrouper et si c'était vraiment possible.

En parallèle, j’ai commencé un long travail de développement personnel il y a trois ans, suite à un burn-out professionnel, et j’ai compris que la réussite, finalement, ce n’est pour moi qu’une affaire de bonheur personnel. Je ne parle pas d'égoïsme, mais d'authenticité : une façon d’être conforme à la personne que l’on aimerait devenir, meilleure que celle que l'on est et qui s'est souvent un peu engluée dans les différents rôles que l'on a appris à assumer au fur et à mesure des années.

Une façon de réaliser ses rêves. Tout simplement.

Nous sommes dans une société dans laquelle ce n’est pas sérieux, de rêver. Les rêveurs sont des marginaux. Il faut redescendre les pieds sur terre, et s’atteler à des tâches plus bassement matérielles : celles qui justement font les honneurs de la réussite sociale. Celle qui n'est qu'une illusion, puisque n'existant que dans le regard des autres.

Moi, je pense au contraire qu’il faut réhabiliter l’importance de nos rêves, car ils sont la manifestation de ce qui vibre en nous, de ce qui nous pousse à nous grandir, apprendre les différentes leçons de la vie, nous transformer et nous transcender.

Au lieu de refouler nos émotions, je crois qu'il faut apprendre à les écouter et comprendre à quel point elles sont représentatives de notre éloignement vis-à-vis de ces rêves qui nous sont si importants.

J'ai imaginé 3 groupes d'états d'esprit (les états dépressifs, les états de lutte, et les états positifs), comprenant chacun 3 états différents sur lesquels viennent se greffer différentes familles émotionnelles.

C’est cette théorie, qui m’a donné l’idée de ce recueil.

Ensuite, je me suis rendu compte que les 5 premières nouvelles que j'avais publiées pouvaient venir se greffer sur 5 échelons différents, et il ne me restait plus qu’à travailler sur celles qui me manquaient.

J’ai déniché des idées à retravailler parmi de vieux écrits personnels, et finalement, il ne m’en restait que 2 à écrire pour finaliser le recueil.

Comme je voulais rester au plus proche du ressenti, et que je suis quelqu’un de très sensible à l’émotion véhiculée par d’autres formes d’expression artistique, j’ai recherché des musiques qui pouvaient renforcer mes intentions en faisant office de transitions entre chaque nouvelle.

Par souci de respect des droits d’auteur, la solution que j’ai trouvée a été d’utiliser la plateforme Deezer.

J’invite mes lecteurs qui n’ont pas encore de compte ouvert sur cette plateforme musicale à en créer un. C’est gratuit. Et ils pourront ainsi accéder au contenu enrichi de mon livre, notamment s’ils le découvrent dans sa version papier puisque j’y ai recopié les différents liens, et inséré des flashcodes qui leur permettront d’y accéder directement (pour les moins novices d’entre eux) en se servant d’une application gratuite à installer sur leur Smartphone.

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